samedi 30 juillet 2011

Déjeuner du soir

Je suis assise à la table de la cuisine.
Une assiette vide devant moi
je me dégoute à regarder le moisi sur les murs.

La pièce est laide,
mais surtout remplie de contradictions.
L’atmosphère est lourd et léger tout à la fois.
Il fait frais,
mais l’air est épais et humide.
Je respire mal,
malgré les courants d’air qui passent maladroitement à côté de moi.
Dans ces dissemblances,
je finis par comprendre.

Ce n’est pas la pièce le problème.
C’est toi.

Blanc.
Livide.
Blafard.
Tu restes là sans bouger.
Je crois que tu me regardes,
mais encore là,
rien n’est moins sûr.
Comme un fantôme,
tu restes là,
sans vie.
Je claque dans mes mains,
je fais des grands gestes avec mes bras,
je crie de toute mes forces,
mais rien.
Le néant se reflète dans ton immobilité.

Mon cœur virevolte,
déchirée entre l’envie d’être heureuse
et la constatation que tu ne respires plus.

Dans un élan d’espoir,
je te secoue une dernière fois.

Envahi d’un essor fulgurant,
tu te mets à parler.
Je m’empresse de sourire,
mais bien vite,
je me rends compte que tout ça n’est qu’un leurre.
Tu ne me réponds pas.
Tu ne me laisse pas te parler.
Tu parles,
comme le ferait un répondeur sans jamais laisser le bip arriver.

Je te regarde disparaître,
pendant que j'attrape des larmes dans mes mains.

Je me résous à te laisser comme ça,
seul dans ta complainte,
car de toute façon,
je ne peux rien y changer.
Je ne te suffit plus.
Je n'arrive plus à te calmer les moments de tempête.
Mon amour n'est plus assez pour que tu ailles bien.

Alors je recule,
un peu plus.
En attendant.
En attendant que ta vie se replace.
Que ton corps se repose.
Que ton esprit s'apaise.
Que tu te souvienne de moi.
Et à ce moment-là,
je serais présente.
Entièrement.
Avec toutes mes qualités,
tous mes défauts
et mon amour pour toi.

Je t'attends,
patiemment,
car ce qu’il te faut c’est du temps.
Alors je m'attache le coeur bien serré pour éviter de te le voler...