samedi 26 novembre 2011

L'estomac dans les talons




Dans ma salle de bain,
assise trop longtemps sur le rebord du bain,
j’ai faim.
Je crève de faim.

Je suis fatiguée.
Je suis complètement paumée.
Il ne me reste plus rien.
Le temps d’une longue semaine.

Je décide d’aller me nourrir d’air.
Ce n’est pas très bourratif,
mais dans l’air frais du mois de novembre,
j’oublie la douleur dans mon estomac.
J’ai la bouche pâteuse
Et l’âme sèche.
J'aimerais pouvoir courir,
mais je n'ai pas trop la force.

Je m'installe sur le rebord du trottoir,
au coin de deux rues.
J'attends,
comme si j'attendais l'autobus,
peut-être vers quelque chose de meilleur,
le cul frigorifié sur le béton.

Et pourtant...
J'ai tout ce que je veux ici.
Et 7$ dans mon compte en banque.

Je me manques.
Je manque de temps.
Je ne fais plus de petits gâteaux.
Je ne lis plus de roman.
Je ne fais plus l'amour.
Je manque de temps.
Je me manques.

Encore une fois,
je me suis perdue.
Je finis toujours par me retrouver.
J'ai une bonne boussole.
C'est long parfois,
mais je finis toujours par me retrouver.
Alors j'attends.
Comme je sais si bien le faire.
Comme je l'ai si bien fait auparavant.
Pour moi,
pour les autres,
pour toi,
j'attends encore.

Et en attendant, j'écris.
Ça ne coûte rien.
Seulement un peu de temps et de procrastination.

lundi 26 septembre 2011

Maman, c'est ça le bonheur?

Il est 5h du matin.
Je n'arrive plus à dormir.
C'est comme ça depuis 1 mois.
J'angoisse à l'idée du futur.

Alors c'est ça le bonheur?

Je me lève de mon matelas enfoncé dans le sommier.
J'ai mal partout
et j'étouffe.
Je sors dehors.
Sous le brouillard d'un matin hâtif,
je me réfugie sur un banc.
Je m'y assois,
l'air de rien.
Un moineau m'y accompagne,
l'air de rien.

Alors c'est ça le bonheur?

J'ai mal au ventre,
l'estomac me serre.
J'ai mal,
réellement mal.
Des larmes coulent le long de mes joues...

Alors c'est ça le bonheur?

J'ai longtemps espérée en vain
et finalement,
après de longues années j'ai gagné.
J'ai trouvé ce que je voulais.
Pleurer.
C'est ça la clé.
Pleurer de joie.

J'ai trouvé un amoureux,
un amant,
un confident,
un meilleur ami.
Un bonheur.
Une petite bouille remplie de vie.
Une personne magnifique.
Une personne touchante.
Un peu brisée par la vie,
mais raccommodable à coup de colle et ciseaux.

Alors, oui, c'est ça le bonheur!

Je t'aime

samedi 30 juillet 2011

Déjeuner du soir

Je suis assise à la table de la cuisine.
Une assiette vide devant moi
je me dégoute à regarder le moisi sur les murs.

La pièce est laide,
mais surtout remplie de contradictions.
L’atmosphère est lourd et léger tout à la fois.
Il fait frais,
mais l’air est épais et humide.
Je respire mal,
malgré les courants d’air qui passent maladroitement à côté de moi.
Dans ces dissemblances,
je finis par comprendre.

Ce n’est pas la pièce le problème.
C’est toi.

Blanc.
Livide.
Blafard.
Tu restes là sans bouger.
Je crois que tu me regardes,
mais encore là,
rien n’est moins sûr.
Comme un fantôme,
tu restes là,
sans vie.
Je claque dans mes mains,
je fais des grands gestes avec mes bras,
je crie de toute mes forces,
mais rien.
Le néant se reflète dans ton immobilité.

Mon cœur virevolte,
déchirée entre l’envie d’être heureuse
et la constatation que tu ne respires plus.

Dans un élan d’espoir,
je te secoue une dernière fois.

Envahi d’un essor fulgurant,
tu te mets à parler.
Je m’empresse de sourire,
mais bien vite,
je me rends compte que tout ça n’est qu’un leurre.
Tu ne me réponds pas.
Tu ne me laisse pas te parler.
Tu parles,
comme le ferait un répondeur sans jamais laisser le bip arriver.

Je te regarde disparaître,
pendant que j'attrape des larmes dans mes mains.

Je me résous à te laisser comme ça,
seul dans ta complainte,
car de toute façon,
je ne peux rien y changer.
Je ne te suffit plus.
Je n'arrive plus à te calmer les moments de tempête.
Mon amour n'est plus assez pour que tu ailles bien.

Alors je recule,
un peu plus.
En attendant.
En attendant que ta vie se replace.
Que ton corps se repose.
Que ton esprit s'apaise.
Que tu te souvienne de moi.
Et à ce moment-là,
je serais présente.
Entièrement.
Avec toutes mes qualités,
tous mes défauts
et mon amour pour toi.

Je t'attends,
patiemment,
car ce qu’il te faut c’est du temps.
Alors je m'attache le coeur bien serré pour éviter de te le voler...

mercredi 29 juin 2011

Ouch.

Je voudrais me faire toute petite.
Entrer dans une boîte.
Y étouffer.
Je m'en fous.
Rien n'a d'importance.

J'ai cette boule dans la gorge qui ne veut plus partir.
Je m'arracherais le cou si je pouvais.
À mains nues.
Je l'aggriperais de toutes mes forces,
en veillant à ne rien oublier.

Tu n'es pas là.
C'est tant pis pour moi.
Je le mérite bien.
Ça
et tant d'autres mauvaises choses.

J'essaie de me convaincre que tout celà n'est que mensonge,
mais je n'y arrive pas.
J'ai encore ce truc dans la gorge qui m'empêche de respirer.

J'me sens conne.
Tellement.
Une sale conne.
C'est le seul mot qui me vient en tête.

Je me dégoûte.
Je vomirais si je pouvais.
Si je n'avais pas cette merde dans la gorge.

Je m'efforce à continuer,
à faire semblant,
comme si tout était parfait,
comme si je pouvais encore vivre normalement.

Et je le sais dans ta voix,
que tu n'es plus là,
que ta tête est ailleurs,
que ton coeur voudrait que je sois quelqu'un d'autre...

Je me dégoûte.
Pour moi,
pour ce que je te fais,
pour ce que je lui fais
et pour ce texte.

vendredi 24 juin 2011

Un jour peut-être...

Dehors,
la pluie tombe en trombe.
Les cheveux dégoulinants
et l'âme vide,
je m'arrête un instant sur le bord de l'eau.

Le lac bouillonne sous la chute des milliards de gouttes d'eau.
Le ciel est gris,
l'eau est noir,
tout est morose,
mon coeur y compris.

Je regarde ma montre brisée.
Mes yeux embrouillés par la pluie,
je distingue mal la position des aguilles.
J'emmerde le temps.
Et cette pluie.

Je suis glacée
et pourtant,
je reste là,
les bras croisés,
face au lac,
sans bouger.

J'entends une voix,
au loin,
derrière mon dos.

Dans un espoir lancinant,
je me retourne précipitement.
Il n'y a personne,
rien,
sauf le brouillard.

Profitant de l'acalmie,
j'avance tranquillement vers le sable,
en m'assurant de regarder partout autour de moi.
Alors là,
peut-être que je te trouverais.

Mais non,
il n'y a toujours rien,
sauf un dépôt infini de boue.

Les pieds sallis par la bourbe,
je me décide de rentrer à la maison.
Je prends le chemin habituel.

J'y entends des sons coutumiers
et j'y reconnais des odeurs trop routinières.
Et pourtant, je ne vois rien.
Sauf cette pluie,
sauf ce brouillard,
sauf cette boue.

Je me perds dans les dédales de temps ancien.
Où tu étais encore là,
où cette petite maison bleue existait encore,
où j'avais encore quelqu'un pour m'attendre les soirs mélancoliques d'été.

Plus rien n'existe,
mais les souvenirs persistes.
Et dans mon espoir obstiné,
je continue de t'imaginer à mes côtés,
un jour.

dimanche 17 avril 2011

Maman les p'tits bateaux qui vont sur l'eau ont-ils des jambes?

Les portes se ferment sur un petit bout de ma vie.
Encore une fois,
mon coeur part dans cet autobus austère.
Je le reverrais bientôt,
mais je ne peux m'empêcher de ressentir un petit pincement.

En te regardant partir,
par la fenêtre,
je me retrouve au milieu d'adieux.
Je sens ses larmes couler dans mon dos,
ces larmes qui ne m'appartiennent pas,
mais qui sont adressées à lui.

Il s'en va,
elle ne fait que pleurer
et lui,
comme un homme,
essaie de rester fort.

Je déteste les adieux.
Les miens et ceux des autres.

En voyant l'autobus s'éloigner,
je me dis que je devrais courir.
Te rattraper.
Rattraper mon coeur.
M'enfuir d'ici,
de mes problèmes.

Mais stoïque comme un banc de parc,
je reste là,
déchirée entre l'envie de tout quitter
et mes obligations.

La besace au torse,
je tourne les talons vers la bouche de métro.
Je me retrouve coincée entre deux sans-abris.
Dans un élan de mélancolie,
pour partager leur pitié et ma tristesse,
je leur donne les dernières pièces de monnaie qui dorment au fond de ma poche.
En y glissant ma main,
j'y retrouve un morceau de papier.
Je le garde au creux de ma paume,
comme le ferais un religieux et son chaplet.

Sur le quai,
j'attends patiemment le métro.
Avec une petite boule dans la gorge,
je serre un peu plus fort le papier.

Après de longues minutes
et une annonce d'interruption sur la ligne verte,
je m'assoie par terre.
Les genoux croisés en indien,
je me décide à ouvrir le morceau de papier.

Un dessin, une note toute simple.
Un coeur, un je t'aime.
Je souris en les voyant.

Dans une bourrasque soudaine,
le papier s'envole sur les rames.
Merde.
Dans ma tristesse frustante,
je cherche le coupable.
Un corridor,
une porte,
un métro...
Rien.
Rien qui ne puisse expliquer ce vent.

Et soudainement,
je me sens comme ce papier.
Seule.
Prête à me faire écraser.
Condamnée à disparaître.

Dans un remord envahissant,
je me dis que j'aurais mieux fait d'en faire un bateau avant qu'il ne s'envole.
À défaut de ne pas avoir monté dans le bus,
j'aurais quand même pu te rejoindre.


dimanche 10 avril 2011

Je déteste Montréal, mais toi, je t'aime.

Le soleil brille dehors.
Pas moi.
Gris, vide et terne,
je me supplie de vivre.
Dans un refus perpétuel
je continue d'espérer que bientôt,
je redeviendrais moi-même:
Passionnée.
Folle.
Et vivante.

Je monte dans l'autobus
comme si j'allais à la potence.
Retourner à Montréal me donne des hauts le coeur
ou peut-être est-ce juste le mal des transports?!
Dans cette profonde envie de vomir,
je passe dans des endroits où déjà,
de petites ébauches de souvenirs se sont construites.
Mais sans toi,
ce n'est jamais pareil,
sans toi,
ce n'est jamais aussi vrai.

Je me surprends à me plaire dans cette banlieue,
un peu trop bourgeoise,
mais où pleins de petites choses anodines la rendent si parfaite:
La maison à «tout le monde» et ses phénomènes étranges.
Manon.
Le centre communautaire et ses histoires de cul.
Gaston.
Le 260 rue St-Henri et ses soupers presque parfaits.
Le couche-tard et ses Xenergy sans sucre à saveur de mangue et goyave.
L'arrêt d'autobus au coin Notre-Dame/St-Henri.
Fanny.
Le vidéotron et nos retards incessants.
La clinique médicale et ses horaires de merde.
Le IGA et ses condoms Magnum.
Et Thoi.

Le chauffeur obèse et dégoulinant de sueur fredonne au son de la radio,
pendant qu'une adolescente boutonneuse prend en photo,
de son téléphone portable,
une coccinelle qui grimpe sur la vitre du siège d'à côté.
La musique dans les oreilles,
je les observe bouger dans le rythme de ma chanson.
Et dans cette corégraphie de leurs actions et de leurs corps ingrats,
je m'endors tout doucement sur mon sac à dos.

Je me réveille à mi-chemin entre le bonheur
et une dizaine de kilomètres de mon boulot.

Tant pis,
je suis déjà en retard.
Sans d'autres choix plus irraisonnable,
je me mens un après-midi de congé
pour m'installer dans un café.

Dans l'odeur de chaï latté à 1$ le millilitre,
par la vitre salie,
je regarde les passant.
Des sans-abris aux banlieusards huppés,
je me rappelle que Montréal est une ville de contradiction.
Mais dans mes propres ambiguïtés et confusions,
je m'y sens chez moi.
Comme dans une relation d'haine et d'amour,
j'adore détester cette ville.

Je sors dehors.
Je prends une grande respiration à l'odeur de smog,
le temps de sentir le bonheur dans ma vie à l'odeur de je-sais-pas-quoi-mais-certes-pas-de-smog,
le temps de sentir les rayons sur ma peau.
Mais aussi le temps de me rappeler que je n'ai toujours pas commencer à étudier pour la fin de session.
La culpabilité m'envahit,
mais la lumière du soleil est plus forte
et je finis par succomber au plaisir de la procrastination.
Mot que je ne sais d'ailleurs pas prononcer correctement [proscratination].
Tout comme banquette [banquêtte],
fraise [avec l'accent du lac St-Jean],
club [avec l'accent parisien]
et camping [camepingue].

Je ne sais pas dire le mot procrastination,
mais je sais l'écrire
et, en plus,
je sais que ça goûte bon sur la langue.
Alors merde!
J'oublie volontairement le peu de temps qu'il me reste pour réussir ma session
et je me cherche une autre destination.

Après quelques heures,
j'atterris finalement à Honoré-Beaugrand,
où je dois te rejoindre.
Dans un coup de barre soudain,
je monte faiblement les escaliers de la station de métro.

En t'apercevant,
mes muscles ont un regain d'énergie
et j'en oublie les dernières marches.
Le sourire pendu à tes lèvres,
la vie me semble soudainement plus douce.

Comme les croquettes de poulet,
trempés dans le miel,
avec un grand verre de lait.
Miam.
Rien de plus doux.
Sauf peut-être le pull en cachemire de ma grand-mère.

Tu m'embrasses tendrement
et me murmure un «je t'aime».
Je te réponds par une analogie dénuée d'énergie
et je t'enlasse avec la force qu'il me reste.
Tu sens bon le savon,
j'aime ta simplicité.
Direction métro,
tu m'attires vers le quai.
Nous nous faufilons dans un des seuls wagons vides.
Après avoir parlé de futur, d'enfants et d'argent,
nous sortons à la station de mon appartement.
Personne ne s'y trouve.

Nous nous allongeons sur le lit
et dans un soupir,
je m'endors dans tes bras.
Je sais bien que tout n'est pas rose
et que des journées comme aujourd'hui,
ce n'est pas la vraie vie.
Mais dans cette petite sieste de fin d'après-midi,
plus rien n'existe.
Pas de travaux.
Pas de boulot.
Pas de marge de crédit.
Rien.
Juste toi,
moi,
un lit,
les rayons de soleil à travers la fenêtre de ma chambre
et notre amour.

mardi 29 mars 2011

Vide et vidée.

Il est trop tôt.
D'abord pour ouvrir mes yeux,
ensuite pour me mettre debout.
J'en ai marre.
Je me lève douloureusement.
Les genoux qui craquent
et l'envie de vomir à la gorge.
Une journée de plus,
à courir.
J'en ai marre de courir.

Je soupir allègrement avant de monter dans la baignoire.
Après avoir augmenter progressivement la température de l'eau pendant une minute,
je me résous à avoir froid.
J'essaie de me dépêcher,
l'environnement,
l'électricité,
le bruit pour les autres.
Fuck l'environnement,
fuck l'électricité,
fuck le bruit.
Le temps file trop vite.
Après m'être flagéllée abondamment avec tous les accessoires qui traînaient dans ma douche,
je me décide à sortir plus frigorifiée qu'avant.

Je me dépêche d'enfiler des vêtements pas trop moches
et je bois un café-pas-assez-fort-et-trop-sucré en vitesse.
Bourrage de crâne rapide avant mon contrôle,
hop hop hop.
J'emmaganise en me disant qu'autrefois j'étais une actrice qui n'avait que pour seul talent une mémoire phénoménale et une élocution parfaite.

J'enfile mes bottes et mon manteau en râlant sur la température.
Le froid dans les poumons,
je répète mes notes comme je répétais les textes de Shakespeare.

Je descends les marches du métro rapidement.
C'est ce que font les montréalais il parait.
Pressés.
Comme moi.

Comme d'habitude,
le métro est plein à craquer.
Après quelques tentatives infructeuses,
je me faufile dans la dernière place disponible.
...
Je sors plus rapidement que d'habitude.
Je cours encore.
Je ne peux m'arrêter.
Je le fais trop bien.
J'arrive dans l'auditorium.
J'ai une demi-heure d'avance.
et la classe est déjà pleine.
Je prends un des derniers bancs disponibles
et je fais semblant de réviser une dernière fois avant l'examen.
Je ne fais que penser à mes prochains jour de congé.
Je réponds à toutes les questions
et remets ma copie l'enthousiasme dans les yeux.
Je retourne chez moi,
fière,
mais épuisée de ma semaine.
J'essaie de t'appeler,
mais en vain.

Je réalise,
le sourire aux lèvres,
que j'ai finalement tout ce que je veux.
Mais quand même,
je trouve le moyen de râler.
Parce que de toute façon,
c'est ce que les filles font.

Dans cette fatigue intense,
je continue de croire en nous,
je continue de t'aimer
et d'espérer que ce sera comme ça pour longtemps encore.

Mais je suis épuisée.
De toujours courir.
De marcher sur des oeufs.
D'en prendre pleins la gueule.
De ne jamais faire les bons choix.
Jamais.
De ne jamais être sûre des choix que je fais.
Jamais.

De ne jamais être là quand il faut.
Au bon endroit.
Au bon moment.
Pour les bonnes personnes.

J'essaie.
D'être parfaite.
Tout le temps.
Avec tout le monde
et dans toutes les circonstances.
Mais ce n'est jamais assez.
Ou c'est toujours trop.

Je veux juste vivre.
Paisiblement.
Simplement.
Avec toi,
dans notre amour,
dans nos fous rire,
dans nos longues nuits d'étreintes.
Je veux juste être heureuse.
Ici.
Et pas ailleurs.
Je ne veux plus avoir besoin d'être ailleurs.
Je ne veux plus avoir besoin de courir.
De fuir mes angoisses.

Je veux juste être bien.

samedi 19 mars 2011

Figée

Tout doucement,
je me désagrège.
Dans une douleur brûlante,
je respire difficilement.
J’entends les gens rire au loin.
Toujours un peu plus,
un peu plus fort.
Je les entends,
mais personne ne m’entend.
Je crie,
je crie toujours plus fort,
mais personne ne me répond.

Les vagues commencent à monter.
Tout doucement,
en m’effleurant,
en me promettant de la douceur,
de la chaleur.

Mais l’eau devient plus froide,
Plus sèche,
Plus dure.
Elle me claque en plein visage,
Jusqu’à passer par-dessus ma tête.
Je deviens folle.
Dépendante.
Obsessive.
Qu'elle me dit.
Je me noie tranquillement dans des flots de ses paroles.
Et si j'étais vraiment folle?

Je ne sais plus.
Je ne me reconnais plus.
Je ne peux que douter de tout ce que j'entends.
Et je ne sais plus à qui demander,
ni à qui parler.
Je m'ancre dans ma raison
et je continue d'espérer qu'elle a tort.

Alors j'attends.
Patiemment.
Sagement.
De comprendre.
Que tout s'arrête.
De me retrouver.

vendredi 25 février 2011

Brouillon d'origami

De la solitude dans la tête et de l'ennuie dans l'âme.
Je survie en silence,
comme d'habitude.
Je ne suis que du papier qui se déchire tranquillement,
qui se froisse sous le temps qui passe.
C'est ce que je suis devenue,
une feuille blanche à mettre dans l'imprimante,
une feuille pour griffoner,
rien de plus.
Je ne suis pas celle sur qui on écrit des oeuvres fabuleuses,
des poèmes pour une amoureuse disparue,
ni pour des discours de politicien.
Je ne suis qu'un brouillon dépourvu de contenu.
Je me déchire petit à petit.
Je construis mes mots difficilement
et, maladroitement, les phrases s'empilent sur mon corps blanchâtre.
Je ne mérite ni éloge,
ni compliment.
C'est bon pour les autres ça.
Pour les journaux intimes,
pour les lettres d'amour,
mais pas pour les feuilles gribouillées.
De toute façon,
je finirais à la corbeille,
comme toutes les autres.
En boule,
je pleurerais mon encre,
tout doucement,
en silence,
comme je sais si bien le faire.
Et pourtant,
Dieu sait que j'aurais vécu.
J'aurais aimé.
J'aurais pleuré.
Respiré.
Crié.
Mangé.
Rit.
Sauté.
Bu.
Écrit.
Mais surtout vécu.
Au maximum de ce que je peux faire du papier.
Pour l'instant,
j'attends dans un tiroir,
que quelqu'un veuille bien m'y écrire une lettre
ou me transformation en avion.
En attendant,
je survie en silence,
comme d'habitude.

samedi 12 février 2011

Un jour tu seras au dessus de ma cheminée.

Il me regarde.
Elle me regarde.
Je ne peux m'empêcher de croire que tout ça ne veut rien dire.
Mais je sais.

Il m'observe.
Elle m'observe.
Ils m'observent tous.
Sans exception.

Je ne suis qu'une image.
Que le reflet de ce que je ne suis pas.
Mais on me regarde.

C'est ce que tu voulais.
Être admiré.
Être désiré.
Être fantasmé.


Oui.
Oui.
Mais pas comme ça.
Pas comme ça.

Leurs yeux me brûlent la peau.
Et plus leur regard se font insistant,
plus je me consume,
de douleur,
de plaisir.
Surtout de plaisir.
Je frémis à l'idée que tous me touchent.

Entre leur vision et ma peau,
l'électricité s'installe.
Les frissons me parcourent.
Mes membres tressautent d'excitation.
Je jouis à l'idée de leur attention sur ma personne.
Je jouis fort,
dans la foule de prunelles qui m'entourent.
Dans mon cri,
je me ressaisis dans une honte rougissante.
Et dans ma vulnérabilité,
je baisse le regard,
lâchement.
Je les vois.
Il me regarde encore.
Mais cette fois-ci j'y aperçois le dédain.
Ils me rejettent hypocritement.
Je les entends.
Je les entends bien.

Les faiblesses ne sont pas de ce monde.
L'imperfection n'existe pas.
La nudité de l'âme ne peut être qu'exemplaire
.

Je me couche sur le sol.
Au milieu d'eux.
Dans mon recroquevillement,
la tête dans les bras,
je me mets à crier,
en silence,
comme le font si bien les adultes.

Une adulte.
C'est ce que je suis devenue.
Sans vie.
Sans passion.
Sans moi.
Sans ce que j'étais.
Vivante.
Joyeuse.
Rayonnante.
Je suis devenue terne,
grise.
Comme les rues de la ville.
Mais contrairement à elle,
moi je n'ai plus d'âme.
On me l'a prise,
le jour où j'ai décidé de t'aimer.
Je me suis éteinte,
en même temps que tes mains ont touché mon visage.
Tes mains froides.
Rêches.
Destructrices.
Et tranquillement,
je mourrais.
Et tranquillement,
je perdais la seule chose que j'avais toujours souhaité.
Mon bonheur.

Et ils sont là,
ils me regardent,
avec mon âme dans leurs mains.
Souriant,
comme toi quand tu m'as dit que je serais mieux morte.
Je me souviens de toi,
de tes mots,
durs et froids,
de ton sourire,
surtout ton sourire.

Je soupirs de toutes mes forces,
en espérant que des larmes se mettent à couler.
Peut-être qu'ainsi je retrouverais mon âme.
Mais rien.
Le désert.
Je suis asséchée.
Tu m'as déshydratée.
Ils le savent.
Ils savent que je ne sais plus comment faire.
Et là,
dans le comble qu'est devenu la honte dans ma vie,
ils se mettent à rire.
Du plus fort qu'ils peuvent,
la bouche grand ouverte.

Entre la pourriture des dents de certains
et la blancheur de l'émail d'autres,
je me lève.
Doucement,
mais furieusement.
Je n'en peux plus.
Je vais exploser.
De douleur.
De râge.
De tristesse.
D'amertume.
Et à l'instant,
je comprends.
Il me reste mon coeur.
Tu l'as brisé.
Barbouillé.
Déchiré.
Découpé.
Mais il est là.
Encore bien vivant,
dans l'attente d'un espoir nouveau.

Je sors du métro.
La tête haute.
Je ne te haïs pas.
Mais tu me dois mon âme.
Un jour je la reprendrais
et ce jour là,
c'est moi qui partirai avec un morceau de toi.

samedi 5 février 2011

Ce n'est qu'une histoire de bottes...

J'ai le coeur léger.
Le soleil brille dehors.
Tu n'es pas là.
Dû moins pas physiquement.
La tête amoureuse,
je décide de sortir.
Ma besace à l'épaule,
mon arsenal s'y trouve.
Mon portable.
Mon appareil photo.
Mes clés.
Une liasse de billets.
Je peux partir.
Je mets mes écouteurs sur mes oreilles.
Bob Dylan y fait jouer son harmonica.
Je pense à toi,
à ce matin,
à 5h,
quand je n'arrivais plus à dormir.
Dans la lumière de l'aube,
je te regardais dormir.
Tu étais si beau.

Je t'aime tant.

Apaisée par la chaleur de cette journée de février,
je marche d'un pas assuré.
Je respire l'air printanier,
en regardant pour la millième fois la vitrine de la boulangerie du coin.
J'aurais voulu tu sois là.
Comme toujours,
tu m'aurais dit.

Je descends les marches du métro,
comme si j'étais pressé par le temps.
Dans mon enthousiasme,
j'en échappe mon journal.
En le ramassant,
j'aperçois un musicien.
Guitare à la main,
il me regarde.
Il prend son instrument
et commence à jouer.
Je passe devant en le regardant du coin de l'oeil.
Le métro arrive au même moment.
Je me précipite,
en essayant de rentrer dans un endroit moins plein du wagon.
C'est samedi,
mais on se croirait à l'heure de pointe.
J'aime Montréal.
Même quand il y a trop de monde.
Même quand ça sent fort dans le métro.

Je descends à McGill.
Dans une foule m'entourant,
je monte les marches en courant.
Je suis heureuse.
Je suis bien.
Je suis vivante.
C'est tout ce qui compte.
Je parcours les magasins,
sans trop chercher rien.
Des bottes de pluie.
Peut-être.
J'en ai marre d'avoir les pieds mouillés.

-

Je reviens à la maison.
Sans bottes de pluie,
mais avec un nouveau manteau.
T'es tellement une fille,
je t'entends me dire.
Je passe au club vidéo en même temps.
Je ramasse un film que tu ne veux jamais voir avec moi.
Le gars du club vidéo est complètement gelé.
Une fille que je connais entre.
Je fais semblant de ne pas l'avoir vu,
elle en fait de même,
alors je me sens moins coupable.
Je pars avec mon film romantico-cul-cul-la-praline,
un sourire en coin,
en me disant que décidemment je suis bien une fille.

Quelques heures plus tard,
deux films en plus
et un plat de courgettes,
je me décide à aller dormir.
Je finis ma journée,
comme je l'ai commencé,
en pensant à toi
et en attendant tes bras autour de moi.


jeudi 27 janvier 2011

Passez par la case Go.

Un pas en avant.
Je saute à pieds joints sur la case départ.
Je ne reçois pas d'argent.
Ce n'est plus un jeu,
c'est la vie.
Je lance le dé.
Pendant qu'il roule,
je sais que j'aurais un choix à faire.
Difficile comme toujours.
La divergence entre mon coeur et ma tête en est la cause.

Je t'aime.
Tellement.
Tu es mon bonheur.
Mon coeur tachycarde au toucher de tes mains
et à tes «je t'aime».
D'imaginer que je pourrais te perdre,
me noue la gorge.
Je t'aime.
Je t'aime.
Je t'aime.
C'est clair, non?

Et à ton insu,
l'espace d'un moment fragile,
je te regarde.
Amoureusement.
Pensivement.
Adultement.
Dans un élan de maturité,
je sais.
Je sais que tu as raison.
Que c'est trop tôt.
Que je peux attendre.
Mais dans mon égoïsme infantile,
je me coucherais volontier sur le sol en tapant des poings,
en m'époumonant de toutes mes forces.

Mais tout ce que je veux,
c'est ton bonheur,
et pour ça je peux mettre mes envies en suspend.

Le dé finit par se poser.
J'avance d'un pas lourd.
Je tombe sur la case chance.

En prenant la carte,
je sais ce que je veux.
Oui,
j'appréhende l'avenir.
Mais je sais ce que je veux.
Et j'espère,
encore,
car c'est ce qui me tient éveillée.
Alors,
on verra...
En attendant que je retourne ma carte,
je continue de t'aimer.

dimanche 16 janvier 2011

Texte court de départ.

Sur une route tortueuse,
entre la neige et le vent,
je me dirige vers toi.
Pour ton départ.
Départ.
Départ.
Départ.
Ce mot roule dans ma tête,
comme du vomi dans le fond de ma gorge.
C'est acide,
désagréable.

Je ne suis pas prête.
Je ne veux pas te dire aurevoir.
Je me sens comme une enfant.

Je gare la voiture.
Le béton austère me crit de faire demi-tour,
mais mon coeur veut que j'avance.
Je déteste l'aéroport,
comme certains détestent les hôpitaux.

J'avance vers cette foutu porte B.
Je la déteste.
Autant que le beurre de cacahuètes.

Je ne peux cesser de t'enlacer.
Je ne peux te laisser partir.
Je ne peux me résoudre...

Dans l'émoi de ton départ,
je ne peux retenir mes larmes.

Je finis par te lâcher.
J'accèlère le pas.
Je ne me retourne pas.
Il ne faut pas.

Mais je sais,
au fond de moi-même,
que c'est pour le mieux.
Et toi,
tu me laisse,
l'esprit tranquille,
paisible de me savoir entre de bonnes mains...

samedi 8 janvier 2011

Falling slowly

Tic tac.
Je ne sais plus quelle heure il peut être.
Peut-être 3h ou 4h du matin.
L'insomnie m'a encore une fois empêchée de dormir.
Elle m'a dit vient.
Vient jouer avec moi.
Je n'ai pu résister à l'envie de jouer.
Tic tac.
J'essaie de regarder l'heure,
mais en vain.
L'horloge accrochée au mur n'a plus d'aiguilles.
Je me rappelle les avoir brisées dans un moment d'ennui.
Je n'en pouvais plus de voir les minutes défiler si lentement.
J'avais enlevé la vitre de plastique,
pour pouvoir mieux les arracher.
Mais le bruit est resté.
Pire qu'avant.
Il est devenu plus infernal.
Tic tac.
Tic tac.
Tic tac.
Au bruit du métronome que fait mon coeur,
je me décide,
en prenant soin de bien suivre le rythme,
à prendre mon journal et un crayon.
En cadence,
les mots circulent sur le papier jaunissant.
Ils tourbillonnent au gré de l'encre noir de mon stylo,
mais les idées qui y viennent ne sont pas les miennes.
Dans un enchaînement de paroles de chansons,
je m'arrête.
Je monte en silence,
dans la noirceur éclairé par un ciel rose d'hiver.
Je branche les écouteurs dans le piano bon marché qui traîne sur la table de la cuisine
et je me mets à jouer la musique que ma soeur m'a apprise la veille.
Entre les noirs et les croches,
je m'imagine ailleurs l'espace d'un instant.

Les touches s'envolent une à une,
les noirs,
les blanches,
suivient des cordes.
Il ne reste plus rien.
Seulement la musique,
dans mes oreilles,
qui s'égaie dans la pièce autrefois austère.
Tic tac me rappelle mon coeur.
Tic tac.
Tic tac.
Les murs s'évaporent un à un.
Il ne reste plus rien de la maison
et, malgré l'hiver,
il fait toujours aussi chaud.
Un flocon vient se poser sur ma joue rosée.
Puis un autre,
sur mon nez cette fois-là.
Puis un autre.
Puis un autre.
Une rafale m'emmène,
au même rythme que les flocons.
Je virevolte doucement¸
avec toujours la même musique dans la tête.

Words fall through me
And always fool me
And I can't react
And games that never amount
To more than they're meant
Will play themselves out

Take this sinking boat and point it home
We've still got time
Raise your hopeful voice you have a choice
You'll made it now

Falling slowly, eyes that know me
And I can't go back
Moods that take me and erase me
And I'm painted black
You have suffered enough
And warred with yourself
It's time that you won


Le vent cesse.
Je me pose tranquillement sur le sol,
devant une petite maison rouge.
J'ouvre la porte toujours en silence.
Je ne sais pas où j'ai atterri,
mais mon coeur s'en balance.
Après la pluie vient le beau temps
disait ma grand-mère.
Dans toute cette accalmie,
je te vois debout devant moi,
un sourire aux lèvres,
les mains dans les poches.
Et je comprends,
je t'aime,
tes yeux me disent.
Et je réponds,
en silence,
moi aussi.
Tu sors une horloge de ta poche.
Tic tac.
Tic tac.
Tu me la tends.
Tic tac.
Tic tac.
Elle n'a plus d'aiguilles.
Et les chiffres sont tous tombés dans le bas du cadran.
Tic tac.
Tic tac.
Le temps passe toujours,
au bruit du tic tac.
Mais pour la première fois,
tout celà m'importe peu.
Pour la première fois,
je vieilli sans m'inquiéter pour le futur.
Je te prends la main,
je souris aussi.
Je suis bien,
comme jamais auparavant.
Tu m'attires vers la chambre.
Je me couche sous ta couverture
et je m'endors dans tes bras.

Je sais que la vie n'est pas toujours facile,
pas toujours belle non plus,
mais cette nuit,
je m'en balance,
en pensant à toi,
je sais bien qu'elle est parfaite comme ça.


jeudi 6 janvier 2011

Un gros tas de sucre.

Le soir tombe sur des notes de piano.
Mon père y joue une mélodie.
Dans la nostalgie d'une musique de Yann Tiersen,
je songe à ma vie.
À moi.
À toi.
Je commence l'année dans un tourbillon.
Un peu comme j'avais fini la précédente.
Mais cette année a une saveur douce.
Et sucrée.
Comme une grosse cuillère de sucre en poudre.
Non.
Comme une grosse louche de sucre à glacé.

Et je continue d'espérer pour le futur.
Et je construis ma vie,
à petits pas.
Ça me fait sourire.

J'ai la tête pleine.
Pleine de stress.
Mais entre mon appréhension que les vacances se terminent
et le retour à l'école,
mon coeur se fait léger.

Ce soir,
tu n'es pas là.
Encore une nuit sans toi.
Tu me manques.
Toi.
Ton souffle dans mon dos la nuit.
Ton rire quand tu regardes des blogues.
Tes cheveux trop épais en broussaille le matin.
Ton sourire quand je vais mal.
Ta main dans la mienne.
Ta barbe contre ma joue
Ta langue sortie quand tu te concentres.
Ton grain de beauté dans le milieu du dos.
...
Et dans mon manque d'égoïsme,
mon lit est beaucoup trop grand.
Beaucoup trop confortable aussi.
Je me tourne
et me retourne sans cesse.

Après de trop longues minutes,
je prends ma paresse à deux mains
et je saute de mon lit.
J'allume la lumière.
Je tourne en rond dans la pièce.
J'essaie de m'attraper la queue,
mais en vain.
Après maintes tentatives échouées,
j'enfile mon manteau,
monte les marches en courant
et sors dehors prendre de l'air.
Sur le bord de l'eau,
je ferme les yeux
et prend une grande respiration.
J'essaie de me convaincre.
La session ne dure que quatre mois.
Dans deux jours je serais avec toi.
J'aime la vie.
J'aime ma vie.
Je t'aime.
Je prends une deuxième respiration
pendant qu'un sourire se dépose sur mes lèvres gelées.

Je suis prête à rentrer.
Je suis prête à reprendre ma vie.
À étudier.
À courir entre La Prairie et Montréal.
À t'aimer.
À t'aimer encore plus.