vendredi 25 février 2011

Brouillon d'origami

De la solitude dans la tête et de l'ennuie dans l'âme.
Je survie en silence,
comme d'habitude.
Je ne suis que du papier qui se déchire tranquillement,
qui se froisse sous le temps qui passe.
C'est ce que je suis devenue,
une feuille blanche à mettre dans l'imprimante,
une feuille pour griffoner,
rien de plus.
Je ne suis pas celle sur qui on écrit des oeuvres fabuleuses,
des poèmes pour une amoureuse disparue,
ni pour des discours de politicien.
Je ne suis qu'un brouillon dépourvu de contenu.
Je me déchire petit à petit.
Je construis mes mots difficilement
et, maladroitement, les phrases s'empilent sur mon corps blanchâtre.
Je ne mérite ni éloge,
ni compliment.
C'est bon pour les autres ça.
Pour les journaux intimes,
pour les lettres d'amour,
mais pas pour les feuilles gribouillées.
De toute façon,
je finirais à la corbeille,
comme toutes les autres.
En boule,
je pleurerais mon encre,
tout doucement,
en silence,
comme je sais si bien le faire.
Et pourtant,
Dieu sait que j'aurais vécu.
J'aurais aimé.
J'aurais pleuré.
Respiré.
Crié.
Mangé.
Rit.
Sauté.
Bu.
Écrit.
Mais surtout vécu.
Au maximum de ce que je peux faire du papier.
Pour l'instant,
j'attends dans un tiroir,
que quelqu'un veuille bien m'y écrire une lettre
ou me transformation en avion.
En attendant,
je survie en silence,
comme d'habitude.

samedi 12 février 2011

Un jour tu seras au dessus de ma cheminée.

Il me regarde.
Elle me regarde.
Je ne peux m'empêcher de croire que tout ça ne veut rien dire.
Mais je sais.

Il m'observe.
Elle m'observe.
Ils m'observent tous.
Sans exception.

Je ne suis qu'une image.
Que le reflet de ce que je ne suis pas.
Mais on me regarde.

C'est ce que tu voulais.
Être admiré.
Être désiré.
Être fantasmé.


Oui.
Oui.
Mais pas comme ça.
Pas comme ça.

Leurs yeux me brûlent la peau.
Et plus leur regard se font insistant,
plus je me consume,
de douleur,
de plaisir.
Surtout de plaisir.
Je frémis à l'idée que tous me touchent.

Entre leur vision et ma peau,
l'électricité s'installe.
Les frissons me parcourent.
Mes membres tressautent d'excitation.
Je jouis à l'idée de leur attention sur ma personne.
Je jouis fort,
dans la foule de prunelles qui m'entourent.
Dans mon cri,
je me ressaisis dans une honte rougissante.
Et dans ma vulnérabilité,
je baisse le regard,
lâchement.
Je les vois.
Il me regarde encore.
Mais cette fois-ci j'y aperçois le dédain.
Ils me rejettent hypocritement.
Je les entends.
Je les entends bien.

Les faiblesses ne sont pas de ce monde.
L'imperfection n'existe pas.
La nudité de l'âme ne peut être qu'exemplaire
.

Je me couche sur le sol.
Au milieu d'eux.
Dans mon recroquevillement,
la tête dans les bras,
je me mets à crier,
en silence,
comme le font si bien les adultes.

Une adulte.
C'est ce que je suis devenue.
Sans vie.
Sans passion.
Sans moi.
Sans ce que j'étais.
Vivante.
Joyeuse.
Rayonnante.
Je suis devenue terne,
grise.
Comme les rues de la ville.
Mais contrairement à elle,
moi je n'ai plus d'âme.
On me l'a prise,
le jour où j'ai décidé de t'aimer.
Je me suis éteinte,
en même temps que tes mains ont touché mon visage.
Tes mains froides.
Rêches.
Destructrices.
Et tranquillement,
je mourrais.
Et tranquillement,
je perdais la seule chose que j'avais toujours souhaité.
Mon bonheur.

Et ils sont là,
ils me regardent,
avec mon âme dans leurs mains.
Souriant,
comme toi quand tu m'as dit que je serais mieux morte.
Je me souviens de toi,
de tes mots,
durs et froids,
de ton sourire,
surtout ton sourire.

Je soupirs de toutes mes forces,
en espérant que des larmes se mettent à couler.
Peut-être qu'ainsi je retrouverais mon âme.
Mais rien.
Le désert.
Je suis asséchée.
Tu m'as déshydratée.
Ils le savent.
Ils savent que je ne sais plus comment faire.
Et là,
dans le comble qu'est devenu la honte dans ma vie,
ils se mettent à rire.
Du plus fort qu'ils peuvent,
la bouche grand ouverte.

Entre la pourriture des dents de certains
et la blancheur de l'émail d'autres,
je me lève.
Doucement,
mais furieusement.
Je n'en peux plus.
Je vais exploser.
De douleur.
De râge.
De tristesse.
D'amertume.
Et à l'instant,
je comprends.
Il me reste mon coeur.
Tu l'as brisé.
Barbouillé.
Déchiré.
Découpé.
Mais il est là.
Encore bien vivant,
dans l'attente d'un espoir nouveau.

Je sors du métro.
La tête haute.
Je ne te haïs pas.
Mais tu me dois mon âme.
Un jour je la reprendrais
et ce jour là,
c'est moi qui partirai avec un morceau de toi.

samedi 5 février 2011

Ce n'est qu'une histoire de bottes...

J'ai le coeur léger.
Le soleil brille dehors.
Tu n'es pas là.
Dû moins pas physiquement.
La tête amoureuse,
je décide de sortir.
Ma besace à l'épaule,
mon arsenal s'y trouve.
Mon portable.
Mon appareil photo.
Mes clés.
Une liasse de billets.
Je peux partir.
Je mets mes écouteurs sur mes oreilles.
Bob Dylan y fait jouer son harmonica.
Je pense à toi,
à ce matin,
à 5h,
quand je n'arrivais plus à dormir.
Dans la lumière de l'aube,
je te regardais dormir.
Tu étais si beau.

Je t'aime tant.

Apaisée par la chaleur de cette journée de février,
je marche d'un pas assuré.
Je respire l'air printanier,
en regardant pour la millième fois la vitrine de la boulangerie du coin.
J'aurais voulu tu sois là.
Comme toujours,
tu m'aurais dit.

Je descends les marches du métro,
comme si j'étais pressé par le temps.
Dans mon enthousiasme,
j'en échappe mon journal.
En le ramassant,
j'aperçois un musicien.
Guitare à la main,
il me regarde.
Il prend son instrument
et commence à jouer.
Je passe devant en le regardant du coin de l'oeil.
Le métro arrive au même moment.
Je me précipite,
en essayant de rentrer dans un endroit moins plein du wagon.
C'est samedi,
mais on se croirait à l'heure de pointe.
J'aime Montréal.
Même quand il y a trop de monde.
Même quand ça sent fort dans le métro.

Je descends à McGill.
Dans une foule m'entourant,
je monte les marches en courant.
Je suis heureuse.
Je suis bien.
Je suis vivante.
C'est tout ce qui compte.
Je parcours les magasins,
sans trop chercher rien.
Des bottes de pluie.
Peut-être.
J'en ai marre d'avoir les pieds mouillés.

-

Je reviens à la maison.
Sans bottes de pluie,
mais avec un nouveau manteau.
T'es tellement une fille,
je t'entends me dire.
Je passe au club vidéo en même temps.
Je ramasse un film que tu ne veux jamais voir avec moi.
Le gars du club vidéo est complètement gelé.
Une fille que je connais entre.
Je fais semblant de ne pas l'avoir vu,
elle en fait de même,
alors je me sens moins coupable.
Je pars avec mon film romantico-cul-cul-la-praline,
un sourire en coin,
en me disant que décidemment je suis bien une fille.

Quelques heures plus tard,
deux films en plus
et un plat de courgettes,
je me décide à aller dormir.
Je finis ma journée,
comme je l'ai commencé,
en pensant à toi
et en attendant tes bras autour de moi.