samedi 12 février 2011

Un jour tu seras au dessus de ma cheminée.

Il me regarde.
Elle me regarde.
Je ne peux m'empêcher de croire que tout ça ne veut rien dire.
Mais je sais.

Il m'observe.
Elle m'observe.
Ils m'observent tous.
Sans exception.

Je ne suis qu'une image.
Que le reflet de ce que je ne suis pas.
Mais on me regarde.

C'est ce que tu voulais.
Être admiré.
Être désiré.
Être fantasmé.


Oui.
Oui.
Mais pas comme ça.
Pas comme ça.

Leurs yeux me brûlent la peau.
Et plus leur regard se font insistant,
plus je me consume,
de douleur,
de plaisir.
Surtout de plaisir.
Je frémis à l'idée que tous me touchent.

Entre leur vision et ma peau,
l'électricité s'installe.
Les frissons me parcourent.
Mes membres tressautent d'excitation.
Je jouis à l'idée de leur attention sur ma personne.
Je jouis fort,
dans la foule de prunelles qui m'entourent.
Dans mon cri,
je me ressaisis dans une honte rougissante.
Et dans ma vulnérabilité,
je baisse le regard,
lâchement.
Je les vois.
Il me regarde encore.
Mais cette fois-ci j'y aperçois le dédain.
Ils me rejettent hypocritement.
Je les entends.
Je les entends bien.

Les faiblesses ne sont pas de ce monde.
L'imperfection n'existe pas.
La nudité de l'âme ne peut être qu'exemplaire
.

Je me couche sur le sol.
Au milieu d'eux.
Dans mon recroquevillement,
la tête dans les bras,
je me mets à crier,
en silence,
comme le font si bien les adultes.

Une adulte.
C'est ce que je suis devenue.
Sans vie.
Sans passion.
Sans moi.
Sans ce que j'étais.
Vivante.
Joyeuse.
Rayonnante.
Je suis devenue terne,
grise.
Comme les rues de la ville.
Mais contrairement à elle,
moi je n'ai plus d'âme.
On me l'a prise,
le jour où j'ai décidé de t'aimer.
Je me suis éteinte,
en même temps que tes mains ont touché mon visage.
Tes mains froides.
Rêches.
Destructrices.
Et tranquillement,
je mourrais.
Et tranquillement,
je perdais la seule chose que j'avais toujours souhaité.
Mon bonheur.

Et ils sont là,
ils me regardent,
avec mon âme dans leurs mains.
Souriant,
comme toi quand tu m'as dit que je serais mieux morte.
Je me souviens de toi,
de tes mots,
durs et froids,
de ton sourire,
surtout ton sourire.

Je soupirs de toutes mes forces,
en espérant que des larmes se mettent à couler.
Peut-être qu'ainsi je retrouverais mon âme.
Mais rien.
Le désert.
Je suis asséchée.
Tu m'as déshydratée.
Ils le savent.
Ils savent que je ne sais plus comment faire.
Et là,
dans le comble qu'est devenu la honte dans ma vie,
ils se mettent à rire.
Du plus fort qu'ils peuvent,
la bouche grand ouverte.

Entre la pourriture des dents de certains
et la blancheur de l'émail d'autres,
je me lève.
Doucement,
mais furieusement.
Je n'en peux plus.
Je vais exploser.
De douleur.
De râge.
De tristesse.
D'amertume.
Et à l'instant,
je comprends.
Il me reste mon coeur.
Tu l'as brisé.
Barbouillé.
Déchiré.
Découpé.
Mais il est là.
Encore bien vivant,
dans l'attente d'un espoir nouveau.

Je sors du métro.
La tête haute.
Je ne te haïs pas.
Mais tu me dois mon âme.
Un jour je la reprendrais
et ce jour là,
c'est moi qui partirai avec un morceau de toi.

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