samedi 8 janvier 2011

Falling slowly

Tic tac.
Je ne sais plus quelle heure il peut être.
Peut-être 3h ou 4h du matin.
L'insomnie m'a encore une fois empêchée de dormir.
Elle m'a dit vient.
Vient jouer avec moi.
Je n'ai pu résister à l'envie de jouer.
Tic tac.
J'essaie de regarder l'heure,
mais en vain.
L'horloge accrochée au mur n'a plus d'aiguilles.
Je me rappelle les avoir brisées dans un moment d'ennui.
Je n'en pouvais plus de voir les minutes défiler si lentement.
J'avais enlevé la vitre de plastique,
pour pouvoir mieux les arracher.
Mais le bruit est resté.
Pire qu'avant.
Il est devenu plus infernal.
Tic tac.
Tic tac.
Tic tac.
Au bruit du métronome que fait mon coeur,
je me décide,
en prenant soin de bien suivre le rythme,
à prendre mon journal et un crayon.
En cadence,
les mots circulent sur le papier jaunissant.
Ils tourbillonnent au gré de l'encre noir de mon stylo,
mais les idées qui y viennent ne sont pas les miennes.
Dans un enchaînement de paroles de chansons,
je m'arrête.
Je monte en silence,
dans la noirceur éclairé par un ciel rose d'hiver.
Je branche les écouteurs dans le piano bon marché qui traîne sur la table de la cuisine
et je me mets à jouer la musique que ma soeur m'a apprise la veille.
Entre les noirs et les croches,
je m'imagine ailleurs l'espace d'un instant.

Les touches s'envolent une à une,
les noirs,
les blanches,
suivient des cordes.
Il ne reste plus rien.
Seulement la musique,
dans mes oreilles,
qui s'égaie dans la pièce autrefois austère.
Tic tac me rappelle mon coeur.
Tic tac.
Tic tac.
Les murs s'évaporent un à un.
Il ne reste plus rien de la maison
et, malgré l'hiver,
il fait toujours aussi chaud.
Un flocon vient se poser sur ma joue rosée.
Puis un autre,
sur mon nez cette fois-là.
Puis un autre.
Puis un autre.
Une rafale m'emmène,
au même rythme que les flocons.
Je virevolte doucement¸
avec toujours la même musique dans la tête.

Words fall through me
And always fool me
And I can't react
And games that never amount
To more than they're meant
Will play themselves out

Take this sinking boat and point it home
We've still got time
Raise your hopeful voice you have a choice
You'll made it now

Falling slowly, eyes that know me
And I can't go back
Moods that take me and erase me
And I'm painted black
You have suffered enough
And warred with yourself
It's time that you won


Le vent cesse.
Je me pose tranquillement sur le sol,
devant une petite maison rouge.
J'ouvre la porte toujours en silence.
Je ne sais pas où j'ai atterri,
mais mon coeur s'en balance.
Après la pluie vient le beau temps
disait ma grand-mère.
Dans toute cette accalmie,
je te vois debout devant moi,
un sourire aux lèvres,
les mains dans les poches.
Et je comprends,
je t'aime,
tes yeux me disent.
Et je réponds,
en silence,
moi aussi.
Tu sors une horloge de ta poche.
Tic tac.
Tic tac.
Tu me la tends.
Tic tac.
Tic tac.
Elle n'a plus d'aiguilles.
Et les chiffres sont tous tombés dans le bas du cadran.
Tic tac.
Tic tac.
Le temps passe toujours,
au bruit du tic tac.
Mais pour la première fois,
tout celà m'importe peu.
Pour la première fois,
je vieilli sans m'inquiéter pour le futur.
Je te prends la main,
je souris aussi.
Je suis bien,
comme jamais auparavant.
Tu m'attires vers la chambre.
Je me couche sous ta couverture
et je m'endors dans tes bras.

Je sais que la vie n'est pas toujours facile,
pas toujours belle non plus,
mais cette nuit,
je m'en balance,
en pensant à toi,
je sais bien qu'elle est parfaite comme ça.


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