mercredi 11 août 2010

Érostrate



Il faut que j'écrives.
Je n'ai pas mon ordinateur.
Ni mon journal.
Que des serviettes en papier
avec de petites fleurs brodées sur les côtés.
Un stylo à la main,
j'allume le ventilateur.

-

Le son me rappelle le bruit de mes nuits passées.
Et je repense à tout ça,
en me disant que ça ferait une bonne histoire.
Mais celle-là, je la garderais pour moi.
Peut-être un peu pour toi aussi...

-

La serviette en papier absorbe l'encre rouge de mon stylo.
Chaque lettre s'épaissit à mesure que je dépose mon crayon.
Moi,
c'est mon coeur qui s'épaissit.
Je me suis laissé aller pour mieux me faire souffrir plus tard.
Pour quand je me lèverais un matin,
en me rendant compte que ce n'est qu'un oreiller qui gît à mes côtés.
Pas ton corps.
Pas tes bras.
Pas tes mains.
Ni tes cuisses.
Ni ton nombril.
Que du duvet et un peu de coton froid.
Je ne sais plus ce que j'ai dans la tête.
Je suis devenue un oreiller.
Dans ma boîte cranienne,
il n'y a que des plumes et des acariens.

-

J'ai foutu le feu.
Intense.
Vif.
Ça brûle.
Je me brûle.
Et j'aime ça.
Je suis devenue une pyromane.
De moi-même.
De mon âme.
De mon esprit.
De mon coeur.
Et je cherche un moyen de l'éteindre, mais en vain.
Rien n'y fait.
Je reste là,
au milieu des cendres de mon passé,
de la braise de mon présent
et j'attends.
J'attends le souffle qui construira mon futur.
J'attends sagement avec ma boîte d'allumettes.
J'entends mon père qui me dit de ne pas jouer avec le feu en quittant la maison.
Trop tard.
Trop tard...
Et je me noirçis dans toute cette fumée qui m'empêche de respirer.
J'essaie de prendre mon souffle,
mais je râle.
J'ai les poumons encombrés
et la tête qui s'endort.
Et pourtant,
je continue de jouer avec ce petit feu,
et je n'ai pas l'intention d'arrêter.

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