mercredi 7 avril 2010

Un, deux...

Le soleil brille.
Il aurait dû pleuvoir aujourd'hui.
Du moins faire gris.
C'est la première fois que tout le monde est là.
Sincèrement tous là.


Oh oui! Dans une autre temps, on a déjà été comme ça.
Mais il y a bien longtemps.
J'étais encore naïve.
Je croyais encore que les châteaux d'eaux servaient à mettre les chats morts.
Je croyais encore qu'à mon âge j'aurais déjà rencontrée l'homme de vie.


Aujourd'hui plus rien n'est pareil.
J'ai perdu ma naïveté d'autrefois
et j'ai perdu ma moitié.
Pas un moitié,
mais bien une moitié.
Elle.
Ma soeur.
Ma jumelle.
Mon amie.


On est tous là, sincèrement réunis pour elle.
Pour lui dire au revoir.
Un au revoir rempli de remords, de regrets et d'hypocrisie.
Car maintenant on fait comme si de rien n'était.
Personne n'est responsable.
C'est la vie, elle t'aime, elle veille sur toi, ce n'était pas ta faute qu'on m'a dit.
On aurait rien pu faire de toute façon...

OUI! ON AURAIT PU...
On aurait pu crier pour la réveiller.
La prendre dans nos bras.
Lui montrer que le bonheur existe.
L'emmener voir l'océan.
Lui faire un montage photo.
Lui chuchotter des je t'aime.
La mettre en colère.
Lui dire qu'elle est belle.
Lui lire son roman favori.
Lui acheter un kinder surprise.
La secouer de toutes nos forces...

Ce n'est pas le moment.
Pas le moment pour penser des choses comme celles-là me dit-on.

Ils attendent quoi?
Que je sourisse?
Que je prenne moi-même la pelle?
Que je la regarde partir dans le trou en lui faisant des bye-bye?

Elle.
Ma soeur.
Ma jumelle.
Mon amie.


J'y ai jamais dit j'taime tout court,
Je rajoute toujours quelque chose après,
Je t'aime beaucoup ça fais moins vrai.

1 commentaire:

  1. Chère Armantine,

    Vous me demandez, ma chère, si j’aime toujours bien la vie. Je vous avoue que j’y trouve des chagrins cuisants ; mais je suis encore plus dégoûtée de la mort : je me trouve si malheureuse d’avoir à finir tout ceci par elle que si je pouvais retourner en arrière je ne demanderais pas mieux. Je me trouve dans un engagement qui m’embarrasse : je suis embarquée dans la vie sans mon consentement ; il faut que j’en sorte, cela m’assomme ; et comment en sortirai-je ? Par où ? Par quelle porte ? Quand sera-ce ? En quelle disposition ? Souffrirai-je mille et mille douleurs, qui me feront mourir désespérée ? Aurai-je un transport au cerveau ? Mourrai-je d’un accident ? Comment serai-je avec Dieu ? Qu’aurai-je à lui présenter ? La crainte, la nécessité feront-elles mon retour vers lui ? N’aurai-je aucun autre sentiment que celui de la peur ? Que puis-je espérer ? Suis-je digne du paradis ? Suis-je digne de l’enfer ? Quelle alternative ! Quel embarras ! Rien n’est si fou que de mettre son salut dans l’incertitude ; mais rien n’est si naturel, et la sotte vie que je mène est la chose du monde la plus aisée à comprendre. Je m’abîme dans ces pensées, et je trouve la mort si terrible que je hais plus la vie parce qu’elle m’y mène que par les épines qui s’y rencontrent. Vous me direz que je veux vivre éternellement. Point du tout ; mais si on m’avait demandé mon avis, j’aurais bien aimé à mourir entre les bras de ma nourrice : cela m’aurait ôté bien des ennuis et m’aurait donné le ciel bien sûrement et bien aisément ; mais parlons d’autre chose...

    Avec toute mon affection.

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