jeudi 27 mai 2010

I was a taxi driver for 30 years...


Il fait chaud, encore.
Mon appart est un four réglé à Broil.
Je prends mon sac à dos qui contient tout mon arsenal
et je sors précipitemment.
Il est tard,
la nuit est tombée.
Je vais au café du coin pour avoir internet.
Je m'installe.


Prise.
Ordinateur.
Café.


Un vieillard s'avance et m'armonne une phrase inconpréhensible.
Hein? Pardon.
Il répète et je finis pas comprendre qu'il est anglophone.
Il me parle de mon ordinateur et blah blah blah.
Je réponds gentiment à ses questions en me disant que j'ai définitivement quelque chose qui attire les inconnus.
Il me raconte qu'il est seul,
mais qu'il n'est pas triste.
Ça fais du bien de parler à quelqu'un qu'il me dit.
Je ne peux faire autrement que de l'écouter.
Il me pointe la chaise libre à côté de moi en me disant qu'il ne m'embêtera pas longtemps.
Il répète qu'il est seul.
Vous n'êtes pas marié que je lui dis.

Et voilà, ça y est.
J'ai posé la question fatidique.
Je pose toujours ce genre de questions qui nécéssitent des réponses trop longues.
J'avais fait la même chose, un jour, en faisant semblant de m'intéresser à l'art des feux d'artifices.
Mais je n'ai pas vraiment d'autre choix que de l'écouter me raconter sa vie.


John
80 ans
Chauffeur de taxi à la retraite.
Marié deux fois.
Divorcé deux fois.


21h30
Il me parle de sa première fois.
Comment elle l'a emmené tout bonnement dans un motel de St-Laurent.
Il me parle de caresses, de tendresse, d'affection.
Il m'explique comment elle l'a jeté après parce qu'il n'était pas assez riche pour elle..

22h03
Il me parle de sa première femme.
Elle l'a trompé avec son meilleur ami.
My woman qu'il répète sans cesse.
Il me parle de son coeur brisé.
Il sort de la poche de sa chemise son spray de nitroglycérine pour ses angines.
Elles sont la conséquence de trop nombreuses peines qu'il dit.
I was seepling on the couch when they we're doing their things in our bed.
Il savait.
Mais pour ne pas la perdre, il faisait semblant de rien.
Il est même allé jusqu'à faire un threesome avec elle et son meilleur ami qu'il disait.

Illusions.
Porn movies.
Trust.
Love.
Make love.
Blah, blah, blah.

J'essaie de rester le plus neutre possible.
Heureusement, il me connait à peine, il ne peut pas lire dans mes yeux.
Je dissimule aisément mes baillements.
Il ne m'ennuie pas, mais avec son accent italo-anglo-canadien, je dois déchiffrer quasiment chaque mots et mon cerveau commence à s'épuiser.
L'air climatisé du café me fait frissonner.
J'ai la peau froide.
À la prochaine pause qu'il fait dans ses phrases j'en profiterais pour lui dire que je dois rentrer chez moi.

23h07
Je réussi finalement à lui dire que je suis fatiguée et que j'ai froid.
Ses aurevoirs durent trop longtemps, mais je réussis finalement à m'échapper.
J'ai mes écouteurs sur mes oreilles, je sais qu'il me parle encore, mais je fais mine de ne pas l'entendre.
Vite, la porte.
Oufff.
Je marche vite.
Il ne pourra pas me rattraper que je me dis.

Mais je suis triste.
Je ne sais pas pourquoi.
C'est peut-être son histoire.
Ou la mienne.
Je ne suis pas sûre.
C'est à cause des inconnus qui viennent me parler je pense.
Il est où l'inconnu fait pour moi?
Ou peut-être que je le connais déjà?
Et si je l'avais manqué?
C'est peut-être qu'il n'était pas fait pour moi?
Non?

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